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Les Vallées du Cimone

vendredi 6 janvier 2012, par Patrizia Molteni

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Demandez à un français s’il connaît la montagne italienne, il va vous répondre, sûr de lui : les Alpes ! Elles sont à portée de voix, d’un côté à l’autre de la frontière, les paysages, les gens, la cuisine se ressemblent. Sans vouloir faire du tort aux colosses italo-français, en Italie il y a des montagnes injustement méconnues et qui valent le détour. Par exemple, les Vallées du Cimone, le territoire du Frignano, dans les Apennins de la province de Modena, autour de la ville de Pavullo.

Cimone d'inverno © Roberto Leoni – Archivio Valli del Cimone Tout d’abord la nature : les Apennins sont verts, des bois et des prairies partout, avec des parcours accessible même à ceux qui ne sont pas des marcheurs professionnels. On se retrouve dans le silence de la nature, il arrive souvent de se trouver nez à nez avec des écureuils, des biches, des marmottes.... des sangliers. Même en hiver, lorsque la saison des champignons terminée, le paysage immaculé prend la place du vert, on a toujours une impression de liberté, de grands horizons, de lumière et d’air frais. Ivan Boilini, qui gère la station de sports d’hiver des Piane di Mocogno, dans sa jeunesse moniteur de ski et avec une longue expérience des compétions un peu partout en Italie, nous confirme : “Ailleurs, quand tu regardes autour de toi, tu vois des montagnes très hautes, tu as comme une sensation d’oppression, ici ce n’est pas le cas", dit-il.

Restons sur les sports d’hiver et aux Piane di Mocogno, moins connues que Sestola ou Fanano e à ce titre plus intéressantes : les descentes, toujours d’après Boilini, sont comme “une halle des sports”, on peut apprendre, se perfectionner, ou s’entraîner à son propre rythme sans devoir affronter tout de suite des pistes noires. La plus belle des Apennins est, selon les habitués, la Piste du Lupo (du Loup), récemment élargie et modifiée. Pour les plus fantaisistes et pour les jeunes, il y le snowboard ou bien “snow-tubing”, qui se pratique avec un bob, une luge ou des espèces de canots de neige. Sans parler des tapis roulant pour les remontées, une invention plutôt curieuse pour les paresseux.

Mais le territoire autour des Piane est idéal pour le ski de fond, qui concilie la lenteur relative au contact direct avec la nature, et aussi pour d’autre parcours dans la neige, de la “marche nordique" (avec les bâtons de marche, un mix entre le marathon et le ski de fond) aux “ciaspole”, une sorte de raquettes de neige. C’est justement aux Piane qu’on peut participer à des “ciaspolate” (raquettes-party) nocturnes, avec les torches. Toujours pour les noctambules, les pistes sont éclairées pour la petite descente de minuit sous les étoiles.

I "ragazzi" Boilini che gestiscono il "Grizzly bar" delle Piane, luogo di ristorazione ed intrattenimento von presentazioni e musica dal vivo. Da sinistra Gabriele, Raffaele e Michele. Et toujours les Piane, mais aussi certains des villages limitrophes, Sant’Anna o Pievepelago, ont héberge les championnats régionaux d’orienteering, un autre sport nordique qui consiste à atteindre des lieux en s’orientant avec des cartes et des boussoles, à pieds et encore pire sur les skis !

Trekking et orienteering peuvent se faire, bien sûr sans les skis, même en été et vont se rajouter aux pic-niques au bord des lacs. Le lago Santo est le plus grand, l’eau et glaciale et très limpide. On y arrive par une toute petite route tortueuse et, même à l’énième fois, se trouver devant lui tout d’un coup, ça coupe le souffle. Mais il n’est qu’un parmi les nombreux lacs, le Braccio, peut-être le plus beau, le Turchino, le Torbido, les Lagacci (littéralement les "mauvais lacs") de la Porticciola, tous en proximité de Fiumalbo, ou alors le Lac de la Nymphe, vers Sestola, ou bien le Le Lac des Polle, près de Riolunato.

Pas que la nature


Il Castello di Montecuccolo ospita concerti e spettacoli e le residenze e i seminari di musicisti della zona, accolti alla Locanda del Condottiero. © Matteo PellegrinuzziPour ceux qui, comme moi, n’arrivent pas à se passer de l’art et de la culture, las Vallées du Cimone sont une mine de petites églises, de châteaux, de bourg médiévaux, de ponts dont l’histoire remonte à la nuit des temps.
La ville de Pavullo mériterait un discours à part, citons seulement, le parc et le Palais ducal, réalisés dans la première moitié du XIX siècle. A 3 kilomètres de Pavullo, le château de Montecuccolo qui “domine” un minuscule bourg médiéval. Déjà cité autour de l’an 1000, il prend son nom d’une ancienne famille de l’histoire locale : au général Raimondo Montecuccoli, le plus connu de cette dynastie, à qui l’on doit la victoire des Autrichiens contre les Turcs en 1664. D’autres ont laissé des traces indélébiles dans tout le territoire du Frignano : forteresses, tours, palais à Polinago, Montefiorino, Guiglia, Montecenere, Palagano…
Pieve di Renno © Matteo PellegrinuzziA quelques kilomètre de Montecuccolo, Pieve di Renno, église romane datant du XIIe siècle, un peu plus loin le Pont d’Olina, constitué d’une seule arche et avec une particularité : déjà en 1522, à sa construction, les ingénieurs avaient prévu une partie plus large de façon à faire transiter simultanément deux charrettes, preuve s’il en faut que la circulation entre une rive et l’autre était intense !
A visiter également les bourgs de Semese e Montebonello. Ce dernier conserve, dans l’église de "La Natività di Maria", des magnifiques fresques du XVe siècle.
Toujours dans le Frignano, Fanano, en style roman, et Sestola, qui mériterait elle aussi un discours part, toutes les deux très connues pour les sports d’hiver.

Traditions et légendes

Maggio delle Ragazze © Roberto Leoni – Archivio Valli del Cimone
Les villages médiévaux par excellences sont Riolunato et Fiumalbo, qui ont conservé les traditions de l’époque. Le premier est connu pour ses "mois de mai" (“maggi”). Au cours de ce mois, en effet, il y a le "Mai des Ames" et celui des "Filles", une forme spontanée de théâtre e de rituel propitiatoire qui célèbre le retour de la belle saison. Dans le "Mai des Filles", célébré tous les 3 ans, la nuit du 30 avril et le dimanche suivant, un cortège d’hommes va de maison en maison en amenant les "respects", c’est-à-dire des vers en rime d’origine lyrique. Entre les verres de vins qui leur sont offerts et les dégustations, c’est aussi une bonne occasion pour amener aux filles les "ambassades", les messages d’amour. Le prochain se déroulera en mai 2013.
A Fiumalbo, entre les ruelles et les passages souterrains, apparaît une “margolfa”, un mystérieux visage de femme sculpté qui, selon la tradition, a le pouvoir d’éloigner les mauvais esprits.
Quant aux mythes et légendes de peuples plus anciens, entre Lama Mocogno, Pavullo et Polinago, après une marche assez facile (une vingtaine de minutes), vous rencontrerez le Ponte du Diable, un monolithe naturel avec une arche haute de 3 mètres, qui unit les deux côtes d’une petite vallée longue de 33 mètres. Aux alentours de Fiumalbo, dans le bourg de Valdare et à Doccia, on trouve les "cabannes celtiques". Malgré le nom, l’origine de ces constructions avec les toits en paille n’est pas certaine.

Un parcours sommaire, qui ne prend en considération qu’une infime partie de nombreuses beautés naturelles et culturelles de la région, mais duquel on peut au moins déduire une chose : il y en a pour tous les goûts - le sportif, l’écologiste, l’assoifé de culture et de tradition, le jeune, le vieux, l’enfant, l’ado ... et le bon vivant.